Billet d'humeur

Au four et au moulin

Confinement J7.  C’est dingue. Jamais je n’aurais cru que ça arriverait. Je me souviens des premiers titres des journaux de jeudi : « C’est historique ! Le monde est à l’arrêt. » Personnellement, j’aurais préféré que notre génération marque l’Histoire autrement…

Je viens d’effectuer ma première promenade en plein air depuis mercredi dernier. Je ne suis guère allée bien loin. J’ai fait le tour du gros pâté de maisons.

Quelle expression horrible quand même… Le pâté de maisons. J’ai cherché son origine mais je n’ai rien trouvé de concluant. C’est une pâte qui renferme de la viande. Voilà donc à quoi nous en sommes réduits… Nous sommes des morceaux de chair empêtrés dans nos murs.

Dans les rues des pas perdus, les seules personnes que j’ai croisées ont changé de trottoir ou m’ont ignorée. Coup dur pour Alice.

A la maison, c’est « métro, dodo ». Le boulot, c’est assez difficile à gérer. J’en saigne. Je n’ai plus le contact. Si j’ai choisi le métier de professeur, c’est pour être un passeur de savoir mais pas seulement. J’aime transmettre, échanger, encourager, soutenir puis en récolter les petits bonheurs de la vie, en espérant que tout le monde s’y retrouve. Tout ça me manque cruellement. Les blagues peu drôles des uns, les questions hors sujet des autres… Ces petites paroles du quotidien, j’aimerais bien les entendre à nouveau. Enseigner, c’est donner et recevoir. Je ne parle pas ici de travaux ni des devoirs. J’évoque une autre sphère : la bienveillance. Comment être bienveillante à distance ?

Aujourd’hui, ma journée va être palpitante : lessives et repassage au programme, télétravail, cuisine et – petit plaisir – lecture.

Confinement J7. En fait, il est tout à fait possible d’être au four et au moulin en même temps.

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