L’année de grâce
Mais que se passe-t-il durant cette année de grâce ?
Tierney est en âge de le savoir. Dans peu de temps, elle partira en exil en forêt. Toutes les filles de 16 ans le doivent pour dissiper leur maudite magie qui rend les hommes fous et les épouses jalouses.
Au bout d’un an, les femmes exilées qui rejoignent leur communauté, meurtries, parfois atrophiées, n’ont pas le droit d’en parler.
Et puis, il y a les autres qui ne reviennent jamais.
« Besoin désespéré du souvenir, mais profond soulagement de l’oubli. »
***
N’y allons pas par quatre chemins : c’est une dystopie de qualité !
Tous les ingrédients s’y trouvent.
Tout d’abord, le décor planté tient la route. Les larges descriptions y contribuent. Certes, au début, j’ai eu l’impression de visualiser la forêt du roman « The Hunger Games ». Ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun. Très vite, pourtant, je me suis attachée à l’histoire en créant mes propres espaces, en m’éloignant du roman de Suzanne Collins.
Ensuite, l’intrigue tient le lecteur en haleine. Dès les premiers chapitres, je me suis retrouvée sous une avalanche de questions. Au fur et à mesure, l’auteur y répond, de façon subtile. J’avoue tout de même que certains passages m’ont un peu déçue mais le roman parfait n’existe pas. Dans l’ensemble, l’ouvrage est finement tissé, les personnages attachants, les aventures bien choisies.
Puis, le sujet abordé est touchant. Il s’agit d’un roman adapté aux jeunes adultes qui évoque la dure réalité des femmes dans une société où elles n’ont pratiquement aucune liberté. En quelques mots, c’est une version soft de « La servante écarlate » qui donne à réfléchir.
Enfin, je dois reconnaître la qualité du texte et la richesse lexicale de celui-ci. Les mots choisis et les tournures de phrases nous éloignent – au risque d’en choquer certains – des romans comme Twilight dont la traduction ne m’avait pas plu. Rarement dans les critiques, on évoque le travail du traducteur. Pourtant, c’est lui qui permet au roman d’exister dans une autre langue. Dès lors, je dis un grand bravo à Nathalie Peronny. Tant que j’y suis, je remercie les éditions Casterman d’avoir osé le pari d’éditer ce roman en français. C’était une excellente idée !
Y aura-t-il une suite à cette dystopie ?
Qui sait…
(Littérature young adult)
Un commentaire
Eric
Cela m’intrigue.
Je trouve personnellement très classe de signaler le beau travail du traducteur, travailleur de l’ombre, qui a cette mission essentielle de garder, et pourquoi pas, magnifier le travail originel de l’auteur.