Billet d'humeur

Miss Catastrophe au supermarché

Misère…   Ce matin, j’étais remplie de bonne volonté. Je me suis levée dès potron minet pour éviter la cohue dans les magasins. Au vu de l’actualité, il était nécessaire que j’aille faire mes courses pour la semaine.

J’ai donc chaussé mes lunettes, j’ai endossé ma veste, j’ai préparé quelques lingettes désinfectantes (pénurie de gel) et j’ai emporté mon portefeuille et mes cabas.

 

Direction la boulangerie…

Une personne attendait avant moi. Par mesure de précaution, il nous est demandé de respecter 1m50 de distance et pas plus de deux clients dans le commerce. Comme j’avais passé commande, tout était déjà prêt. J’ai juste demandé d’ajouter quelques pains au chocolat. J’avais bien mérité cette petite récompense puisque j’avais bravé ma peur en sortant de la maison

 

Ensuite, go au supermarché…

C’est là que tout s’est gâté.

J’ai été accueillie par un vigile qui manifestement avait un défaut de prononciation. Il m’a salué en me demandant : « zêtes pas plus de 60 ? » En tout cas, c’est ce que j’ai compris. J’ai regardé autour de moi, ai souri et lui ai répondu : « Non, non. » Puis je suis allée faire mes courses. Une nouvelle règle en vigueur certainement. Il devait être en train de compter les personnes qui rentraient.

Il y en avait du monde ! Dans chaque rayon, j’ai bien croisé 5 clients. Elles étaient pressées de faire leurs achats. J’ai rencontré bon nombre de personnes d’un certain âge avec ou sans gants, souvent sans masque. Je les ai saluées discrètement par un sourire mais je n’ai rien reçu en retour. Elles semblaient concentrées sur leur liste d’achats. Je me suis dit que c’était pour éviter les autres clients qu’elles étaient venues si tôt et, bien sûr, pour être tranquilles ensuite.

En tant que citoyenne modèle, j’ai respecté toutes les mesures de sécurité : la distanciation et le temps passé dans le magasin : pas plus d’une demi-heure.

A la caisse, j’ai un peu discuté avec le gérant, qui se protégeait derrière la paroi en plexiglas. Il m’a semblé moins bavard que d’habitude. Le stress sans doute. J’ai refusé de passer ma carte cliente afin de lui éviter des contacts inutiles. Je suis même allée jusqu’à lui demander si le matin il y avait toujours autant de monde. Il m’a répondu que c’était plus calme l’après-midi… C’était bon à savoir.

 

Retour à la maison…   Stupeur et tremblements

En fin de journée, j’ai enfin compris.

J’ai téléphoné à mon amie pour prendre de ses nouvelles. Elle m’a expliqué que certains magasins ouvraient plus tôt pour permettre aux personnes âgées de faire leurs courses. A ce moment, le franc est lourdement tombé (expression complètement désuète maintenant que nous sommes passés à l’Euro). Je venais de comprendre ce que le vigile m’avait dit : «Zavez pas plus de 60 ans ! »

Purée de petits pois !

Voilà pourquoi le gars de la sécurité a eu l’air ahuri quand je lui ai répondu « non » et qu’ensuite je suis rentrée dans le magasin.

Voilà pourquoi les clients plus âgés m’ont dévisagée de la tête aux pieds.

Voilà pourquoi le gérant si loquace habituellement a fait le mort.

 

Je n’ai que trois mots à dire : je suis désolée !

 

Toujours voir le bon côté des choses : j’ai fait la journée de mon amie. J’entends encore son rire qui lézarde les murs de ma petite maison, espace vital en ces temps particuliers.

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