Chanson douce
Paul et Myriam cherchent une nounou pour leurs deux enfants, Mila et Adam, encore bébé. Après plusieurs entretiens, ils tombent sur la perle rare : Louise. Elle est sérieuse, attentionnée avec les petits et a l’expérience requise. Elle va vite s’avérer indispensable à leur confort quotidien. En plus d’être une gardienne d’enfants hors pair, elle cuisine, nettoie et range impeccablement l’appartement. Tous les amis du couple s’entendent à dire qu’elle est parfaite. Pourtant, insidieusement, la dépendance s’installe et la noirceur gagne du terrain.
Il est des romans difficiles à lire. Ce n’est jamais le bon moment. Pourtant, ils dorment dans notre bibliothèque depuis des mois. Ils font partie de la PAL idéale. Pourquoi les avoir achetés ? Peut-être parce que la critique était élogieuse ? parce qu’une adaptation au cinéma allait voir le jour ou tout simplement parce que le résumé de la quatrième de couverture nous a plu ?
« Chanson douce », primé en 2016, était le livre à lire, un peu comme « The place to be ». Pourtant, je ne suis entrée dans son antre qu’aujourd’hui. J’ai bien fait quelques tentatives… Or, à chaque fois, en lisant la première phrase du roman, je me suis dit que ce n’était pas le bon moment. Qui a envie de lire un roman qui commence par « Le bébé est mort » ?
Cloîtrée chez moi pour quelques jours (maladie oblige), j’ai sauté le cap et j’ai littéralement dévoré ce roman de Leïla Slimani. D’emblée de jeu, le lecteur est mis au courant d’un drame horrible. Les chapitres suivants détaillent la genèse du crime. Comment Louise, une nounou aimante et si « parfaite », a-t-elle pu devenir un monstre ?
De temps en temps, le récit est parsemé de témoignages ou d’éclats de vie de personnes proches de Louise. Le lecteur reconstitue alors le miroir brisé. Il a presque la responsabilité d’un juré. C’est à lui seul de se faire un avis.
Dans ce roman, j’ai tout aimé.
Leïla éprouve de l’empathie pour ses personnages ; elle les respecte, elle les enrobe, elle les pousse jusqu’à leurs derniers retranchements. Mais ce n’est pas tout. L’auteur aime aussi ses lecteurs. Ça faisait longtemps que je n’avais plus ressenti la sensation étrange que ce roman avait été écrit pour moi. Il fallait que je le lise maintenant. C’est aujourd’hui que je devais rencontrer Mila, Adam, Myriam, Paul et Louise.
En conclusion, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire ce roman, malgré le sujet dramatique. J’ai été happée dès le départ pour un voyage dans les abysses de l’être humain.
Tout être parfait recèle des failles. Il faut se méfier des adages : l’eau ne dort jamais, elle somnole.