Billet d'humeur

La vie en rose

Eh bien dis donc… Une semaine s’est écoulée depuis l’incident du magasin. Une semaine pendant laquelle je n’ai pas trop osé sortir de peur de revivre un événement anxiogène.

Je peux le dire sans détour : il ne s’est rien passé. Que dalle. Waterloo morne plaine. Je parle évidemment de ma petite existence de maman, doublée de la casquette prof, pas de la situation dramatique dont on parle tous les jours aux infos.

 

« Maman ! »

Mes enfants, maintenant, sont grands et autonomes. Ils n’ont plus besoin d’être chaperonnés, accompagnés dans la découverte de la vie. Pas plus tard qu’hier, je leur ai proposé un atelier couture à la main, avec création de masques de protection en tissu. Ils ont décliné sur le champ ma proposition. J’ai donc cousu mon 100 % coton dans l’indifférence la plus totale. Un délice de motivation.

Pourtant, je les aime mes gamins et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire de leur vie un enfer un paradis : je leur sers de réveil matin, de garde-manger, de rappel à l’ordre (au sens propre comme au sens figuré) et de distributeur de câlins : c’est de loin mon occupation favorite. Si je suis envahissante ? Non, pas du tout. J’ai juste besoin de donner et de recevoir de la tendresse. Si c’est un crime, condamnez-moi.

 

« Madame !»

Pour le moment, ce sont les vacances scolaires.

Retour sur la plaine de Waterloo. C’est calme. Trèèès calme.

Mon feutre rose s’ennuie. Il rêve au fond de sa trousse et se souvient, nostalgique, du contact privilégié qu’il avait, jadis, avec les feuilles douces et lignées. Il se surprend à penser à ces belles droites qui balayaient la surface du papier de gauche à droite quand les réponses n’étaient pas à la hauteur de ses attentes Il s’émeut en repensant aux courbes dessinées pour encourager celui qui avait fourni tant d’efforts. Parfois, il regrette d’avoir tracé un « Soin ! » en haut de la feuille en n’ayant fait aucun effort pour l’écrire, la colère prenant alors le pas sur le reste. Mais tout ça, c’était avant la crise sanitaire, avant la fermeture des écoles. Il se promet de fournir plus d’efforts dorénavant et même si, maintenant, il se sent seul malgré la présence du stylo, du crayon et de la gomme, il relativise. Un jour, il retrouvera le chemin de l’école et, à ce moment-là, avec fierté, de sa plus belle plume, il écrira au centre de la feuille :

«C’est bon de vous revoir. »

 

Un feutre, quelle que soit sa couleur, c’est humain.

Quand il est rose, il a un cœur gros comme ça.

 

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